RESISTANCE MASSIVE A POLE EMPLOI

Publié le par R.E.F.I

Société - Article paru
le 17 juillet 2009

événement

Résistance massive à Pôle emploi

Depuis janvier, les salariés sont censés vérifier l’identité des chômeurs.

« C’est pas notre rôle. » La phrase revient régulièrement dans la bouche des agents de Pôle emploi. Recrutés pour accompagner et gérer l’indemnisation des chômeurs, voilà que la direction leur demande de participer à la lutte contre l’immigration clandestine en procédant à un véritable contrôle des papiers d’identité des demandeurs d’emploi.


La procédure à appliquer est la suivante : quand le chômeur vient s’inscrire, l’agent Pôle emploi doit lui prendre son document d’identité (carte nationale ou titre de séjour pour les immigrés), se rendre dans une autre pièce pour le photocopier et le passer sous une lampe à UV qui en certifiera l’authenticité. En cas de doute, l’agent doit poursuivre l’inscription comme si de rien n’était, mais transmettre le dossier au service fraude de Pôle emploi, qui le fera passer à la préfecture. Avec en bout de chaîne, le risque de provoquer l’expulsion d’un sans-papiers.


« Ce contrôle était déjà en place depuis deux ans aux ASSEDIC, qui étaient en charge de l’inscription des chômeurs. Avec la fusion, la procédure a été étendue aux agents ex-ANPE, et ce sans aucune base juridique », dénonce Loïc Barboux, de FO Pôle emploi (ex-ANPE). Si la résistance existait déjà côté ASSEDIC, elle est massive chez les agents ex-ANPE sollicités depuis janvier pour participer à l’effort sarkozyste. Les syndicats SNU, CGT, SUD et FO ont appelé à ne pas appliquer le contrôle. « C’est une résistance passive, témoigne Anne Bérard, du SNU. Les collègues ne le crient pas sur les toits, mais soit ils ne se servent pas de la lampe à UV, soit ils cochent la case OK quel que soit le résultat. Nous ne faisons pas partie des personnes habilitées à contrôler les papiers ! »


La désobéissance civile pourrait toutefois être contournée par une solution informatique testée à Bordeaux par Pôle emploi : lors de l’inscription du chômeur, la saisie informatique de son document d’identité permet de repérer s’il s’agit d’un étranger. Sans que l’agent intervienne, le scan de la pièce d’identité est automatiquement transféré à la préfecture. « Ce logiciel pourrait être prochainement étendu à toute la France », craint Loïc Barboux de FO, pour qui, automatisation ou pas, la question de la légalité du contrôle par des agents Pôle emploi reste entière.


Fanny Doumayrou

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